Article posté par le president
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Lors de son élection à la présidence de la République
M. CHIRAC nous assurait, à propos de
la laïcité, dans sa lettre du 29 avril 2002 : " du respect des
articles 10 et 11 de la déclaration des droits
de l'homme et du citoyen de 1789, de l'article
1er de la constitution de 1958 ou encore de la loi de
1905, fondements de nos
institutions républicaines. " Ceci a d'ailleurs été confirmé par le
premier Ministre notamment lors de son
intervention télévisée du jeudi 3 avril dernier. Cependant
la situation déplorable que nous dénoncions alors a perduré et rien de
concret n'a été amorcé pour y remédier : les indiscrétions religieuses dans
les services publics , le milieu scolaire en
premier, ont continué de s'affirmer avec une
rare intolérance . Il est vrai que l'école
de la République, publique et laïque est malmenée et que, en
conséquence, la laïcité de l'Etat l'est aussi, c'est-à-dire le
fondement même de notre société.
Des faits nous semblent aggravants: ainsi qu'on
ait pu nommer, dans un tel contexte de
tension , un ministre, Luc FERRY, préférant pour ses enfants
l'école privée confessionnelle à l'école publique, a été très mal perçu,
quoi qu'on puisse dire; que ce même ministre dans
son livre à l'intention de tous ceux qui
aiment l'école ( publique? ) fasse, contrairement à toute attitude laïque,
du particularisme communautaire, a été très mal
perçu : mal perçu car la laïcité vaut
pour tous et ne peut privilégier une morale parmi d'autres sans, de droit,
déroger à ce qui la définit; que ce même
ministre supprime en catimini par un simple décret
( du 5/03/03) l'épithète " nationale " au nom éducation, a été très
mal perçu: mal perçu parce que cela annonce le début
de la décentralisation et la fin possible de
l'école de la Nation.
Aussi ce climat donne-t-il lieu, dans tous les
milieux de la pensée à force prises de
positions, déclarations, réflexions sur la laïcité : ce qu'elle devrait être,
ce qu'elle a été, ce qu'elle pourrait être,
ou ne pas être; ou même, en sous-entendu, ne
pas être du tout; mais TOUS, de quelque chapelle qu'ils soient, sont
unanimes pour une " réactualisation ",
une " mise à plat ", une ouverture ", " une interprétation
souple"... de la laïcité . Halte aux révisionnistes ! Dans
cette logorrhée médiatique déversée régulièrement depuis plus de dix ans
- comme par hasard depuis le bicentenaire de la Révolution,
et la fin de l'URSS - quel mépris, quelle
intolérance pour les 45% de nos concitoyens qui reconnaissent
n'appartenir, ni s'intéresser à aucune religion ! que l'hypothèse dieu ne
soucie guère et qui s'en trouvent heureux ainsi; heureux d' être des hommes
libres, respectueux des idées des autres et qui attendent en retour le même
comportement, parce qu'ils savent que ce pays le permet , parce qu' est inscrit dans leur mémoire le dur combat de la lumière contre l'ombre : peut-être
laïques sans le savoir, mais déterminés à ce qu'il en soit toujours ainsi;
continuer à maintenir et à garantir ce qui est commun aux hommes : le caractère
universel de la laïcité.
Dans la construction de l'Union européenne, la France
étant le premier pays au monde à avoir introduit une séparation totale entre le
politique et le religieux, a un rôle essentiel à jouer auprès des autres nations afin
qu'elles adoptent une attitude semblable, sans laquelle cette Union, déjà dans
une maïeutique douloureuse, ne verra jamais le jour; tout en se préservant, car
porteuse d'une telle loi elle sera - c'est bien commencé - la cible principale des
attaques des adeptes d' un système théocratique que la démocratie dérange.
A la base de toute coexistence politique, culturelle, éducative, il y a
nécessairement occultation de tout symbole religieux, de tout ce qui relève de la
conscience individuelle: croire au Ciel, ou n'y pas croire, est du domaine de la
vie privée; et par définition ce qui est privé ne peut être montré en public. Il est
faux de penser qu'un climat de confiance réciproque puisse s'instaurer entre
enseignants-enseignes en présence de signes religieux; ils sont au contraire
bloquants et source de perversion de l'intention pédagogique qui demande, pour
s'exprimer, une totale liberté de concentration.
Cette coexistence aujourd'hui n'existe plus et il est temps que les pouvoirs publics agissent. Pour cela il n'est
pas nécessaire, comme on l'entend dire ici ou là, de légiférer à nouveau, ou de
créer une mission des "signes religieux"; nous demandons seulement que la loi
en vigueur soit respectée et très précisément l'article 10 de la Déclaration des
droits de l'homme comme l'a confirmé le président de la République. Faut-il le
rappeler : " Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses,
pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la
loi." Or la preuve est faite aujourd'hui que depuis plus dix ans, c'est bien la
manifestation des opinions religieuses qui trouble l'ordre dans les
établissements scolaires publics.
En conséquence de quoi, il suffira au ministre
concerné de demander à ce que chacun, dans l'ensemble du service public, ceux
qui y travaillent, et dans les établissements scolaires ceux qui y travaillent
comme ceux qui les fréquentent, de s'abstenir dorénavant d'afficher tout
emblème symbolisant une opinion, fût-elle religieuse.
Athéisme International.
(Texte publié dans le jonrnal L'Humanité le 9/07/03 et envoyé à la Commission
STASI le 30/10/03 )